Elle a commencé en candidate de la téléréalité, a été démocrate pendant des années, et est aujourd'hui la petite protégée de Donald Trump. Portrait d'une ambitieuse qui n'en est pas à un paradoxe près.
À la Maison-Blanche, il y a Ivanka Trump, «fille de» et porte-parole des femmes à travers le pays. Mais il y a aussi Omarosa Manigault, «fille spirituelle» du président et, officiellement, «directrice de communication du Bureau de liaison publique». Officieusement, représentante de la minorité afro-américaine auprès d'un Donald Trump qui suscite la défiance.
Issue d'une grande famille – 64 cousins – installée dans les quartiers insalubres de Youngstown (Ohio), Omarosa Manigault, née en 1974, grandit sans père, assassiné alors qu'elle n'avait que 7 ans. Son frère Jack connaît le même destin tragique en 2011, tué d'une balle dans la tête à son domicile. Dès le début des années 2000, Omarosa Manigault se construit une réputation sulfureuse et devient celle que l'Amérique adore détester. Car avant d'arriver à la Maison-Blanche, elle commence en star de la téléréalité dans l'émission «The Apprentice» («L'Apprenti»), animé par Trump. Comme son mentor, Omarosa Manigault incarne ainsi ce parcours à l'américaine qui permet de passer du petit écran au bureau ovale.
De l'acteur au pasteur
L'actuelle membre de l'équipe de Donald Trump s'est fait connaître pour causer des drames télévisuels, mais sa vie personnelle n'est pas plus joyeuse. En 2000, elle se marie avec Aaron Stallworth, avant de divorcer cinq ans plus tard pour «divergence d'intérêts». En 2010, elle retrouve le bonheur dans les bras de l'acteur Michael Clarke Duncan, l'inoubliable géant John Coffey de La Ligne Verte. Ils se fiancent en juillet 2012, trois mois avant le décès du comédien. Quand l'acteur meurt soudainement, des conflits d'héritage surgissent entre la sœur du défunt et Omarisa Manigault. Michael Clarke Duncan aurait laissé un tiers de sa fortune à sa compagne, une somme estimée entre 1 et 5 millions de dollars.
Cinq ans plus tard, le 8 avril 2017, Omarisa Manigault se marie avec le pasteur John Allen Newman, installé à Jacksonville, en Floride. La cérémonie a lieu dans l'hôtel international de Trump, à Washington D.C. Au programme, luxe et pièces montées royales. Pourquoi ne pas se marier en Floride ? «La sécurité ne peut pas être assurée dans une église en Floride.» L'État appréciera.
Un passé commun : la téléréalité
Tout comme Donald Trump, Omarosa Manigault n'arrive pas à faire son choix : la politique ou la téléréalité ? Les deux ! En 2004, la jeune femme se fait un nom grâce à sa présence télévisuelle. Elle apparaît dans la première saison de «The Apprentice», l'émission créée par Donald Trump - déjà lui - et produite parNBC. Éliminée au bout de neuf semaines, elle marque les esprits et incarne la «vilaine» du programme, à tel point que le magnat de l'immobilier lui offre son propre programme : «The Ultimate Merger». Pendant dix ans, elle refera surface dans de nouveaux programmes, tous produits par Donald Trump : «The Celebrity Apprentice», «The Surreal Life», «Queer Edge», «The Big Idea»... Une star de la télévision poubelle qui adore s'écharper avec son meilleur ennemi Piers Morgan, futur juré légendaire d'«America's Got Talent».
Une démocrate dans le clan Trump ?
Côté politique, Omarosa Manigault effectue ses premières tâches à la Maison-Blanche sous l'administration de Bill Clinton. Entre 1997 et 2001, elle aura eu quatre emplois assez brefs, dont assistante dans le service qui gère l'agenda du vice-président Al Gore. «À 23 ans, j'ai été nommée là-bas mais ce n'était pas un endroit pour apprendre à être professionnel», confiait-elle à Peopleen 2004. Ce qui lui confère une certaine avance aujourd'hui en matière d'arcanes «washingtoniens» sur Donald Trump. Omarosa Manigault, démocrate ? Officiellement oui jusqu'en 2015. Il y a cinq ans, elle célébrait la réélection de Barack Obamaà Chicago. En 2014, elle n'hésitait pas à afficher son attachement à Hillary Clinton sur les réseaux sociaux. «J'ai été démocrate toute ma vie. En tant qu'Afro-Américaine, je me devais d'avoir ces opinions», confiait-elle au New York Times en octobre dernier. Alors, pourquoi ce changement ?
«Je suis prête pour Hillary. Et vous ?»
Une Condoleezza Rice 2.0
Pour elle, «Donald Trump croit réellement en ses possibilités d'aider la nation». «Il pourrait se placer à la meilleure position pour être au centre de la politique mondiale. Chaque détracteur devra se prosterner devant le président Trump», expliquait, en juin, la conseillère au Hollywood Reporter. Un commentaire très mal placé qui lui a valu des critiques venues de toute part. Aujourd'hui, Omarosa Manigault soutient Donald Trump et le défend face aux accusations de sexisme et de racisme. «Dans mes expériences avec lui, il a toujours fait preuve d'un grand professionnalisme. Il est très ouvert d'esprit. Il ne juge pas les gens en fonction de leur genre ou de leur couleur de peau. Il les juge en fonction de leur capacité à vouloir un travail». C'est en 2015 qu'Omarosa Manigault a rejoint le camp de Donald Trump, avant d'être nommée directrice de communication du Bureau de liaison publique. En juillet 2016, elle devient directrice des relations avec la minorité afro-américaine.
Une décennie plus tôt, sous George W. Bush, Condoleezza Rice était la «républicaine black» fédératrice des minorités à la cause d'un président controversé. Omarosa Manigault possède sous l'ère Trump la même mission : inspirer confiance aux Afro-Américains et «décomplexer les Noirs du parti républicain qui apprécient Trump», selon L'Express. La conseillère de Donald Trump ose et propose. Le 28 février, elle était à l'initiative de la rencontre très médiatisée entre le président des États-Unis et une soixantaine de présidents d'universités afro-américaines. Mais, de cette rencontre, les médias ne retiendront qu'un fait tout autre, qui a entaché la valeur de la rencontre : la position controversée de Kellyanne Conway sur le canapé du bureau ovale. De quoi revoir le sens des priorités.