Son discours à la tribune a électrisé la foule, et a fait d'elle la porte-parole de toute une génération. Rescapée de la fusillade dans un lycée de Floride le 14 février, Emma Gonzales s'en est pris directement au président Donald Trump et à la puissante NRA.
Emma Gonzales est une rescapée. Elle a survécu à la fusillade perpétrée par Nikolas Cruz le 14 février au lycée Marjory Stoneman Douglas, à Parkland, en Floride. Bilan : 17 morts - des étudiants pour la plupart. Depuis samedi 17 février, la lycéenne de 18 ans est aussi devenue la porte-parole de la lutte anti-armes à feu aux États-Unis.
Trois jours après la tuerie, une manifestation est en effet organisée en hommage aux victimes à Fort Lauderdale. Emma Gonzales, la voix tremblante, prend la parole à la tribune durant près de onze minutes. «À tous les hommes politiques ayant reçu des dons de la NRA, honte à vous», crie la jeune femme, cheveux rasés et bracelets colorés attachés autour du poignet.
"5800 dollars, c’est ce que valent ces gens pour vous, Trump ?"
Malgré son âge, la jeune femme n'hésite pas à cibler nommément le président Donald Trump et à dénoncer ses liens avec la National Rifle Association (NRA), principal et puissant lobby américain des armes. «Si le président me dit en face que c’était une terrible tragédie et qu’on ne peut rien y faire, je lui demanderai combien il a touché de la NRA. Je le sais : 30 millions de dollars (24 millions d’euros, NDLR) ! Et divisé par le nombre de victimes par balles aux États-Unis en 2018 seulement, cela fait 5800 dollars. C’est ce que valent ces gens pour vous, Trump ?»
Reese Witherspoon et Demi Levato en soutien
Retransmis en direct sur les chaînes d'information en continu, rappelle Libérationla prise de parole d'Emma Gonzales est rapidement remarquée. Et partagée sur les réseaux sociaux. Des personnalités vont même jusqu'à la soutenir ouvertement sur Twitter.
À l'instar de l'actrice Reese Witherspoon qui écrit dans un tweet : «Les jeunes comme #emmagonzales vont changer le monde. Écoutez-la !». La chanteuse Demi Levato va même jusqu'à lancer un appel en ligne pour entrer en contact avec la lycéenne. Le compte éponyme sur le même réseau social ne cesse de gagner des abonnés (près de 60.000 personnes à cette heure).
"Marches pour nos vies"
Les lycéens rescapés de la tuerie ont lancé un appel à une nouvelle journée de mobilisation le 24 mars prochain. Cette «Marche pour nos vies», qui devrait se tenir dans les rues de Washington, a pour objectif d'exiger un contrôle accru sur les ventes d’armes. Un sujet épineux aux États-Unis.
D'ici là, Emma Gonzales, accompagnée par d'autres camarades, participera ce mercredi 21 février à un débat télévisé sur CNN, qui sera diffusé dans l'ensemble du pays. Le même jour, d'après l'AFP, Donald Trump recevra des lycéens et des professeurs à la Maison-Blanche. Fraîchement auréolée porte-parole de la lutte anti-armes à feu, Emma Gonzales sera-t-elle conviée autour du Bureau ovale ?
LGBTQ
Si Emma Gonzales a su imposer sa voix, c'est peut-être aussi car la lycéenne n'a pas peur d'affirmer ses engagements. En octobre dernier, sur le site américain, The Eagle Eye, elle était mise en avant comme la présidente du club Gay-Straight Alliance (GSA), association étudiante qui prône l'égalité, l'équité et défend les droits de la communauté LGBTQ. «Nous ne sommes qu'une organisation locale, mais je pense qu'il est important de promouvoir la sensibilisation à tous les niveaux pour concevoir un meilleur avenir pour tout le monde», argumentait-elle à l'époque.
Autre combat, vanté sur le compte Instagram de son lycée : son choix de se raser le crâne par souci d'économie (entretien) et de gain de temps. Des raisons qu'elle avait expliquées à ses parents à l'aide d'un document Power Point.
En vidéo, Emma Gonzalez, rescapée de la fusillade et icône de la lutte anti-armes à feu
Ces jeunes résistants qui bousculent l'ordre établi
Nom : Ahed Tamimi
Âge : 16 ans
Pays : Cisjordanie
Surnommée «Boucle d'or de la Cisjordanie occupée», elle est devenue une icône de la résistance palestinienne. Issue d'une famille engagée dans la «résistance civile», l'adolescente à la chevelure dorée aurait été témoin de l'assassinat de trois proches par l'armée israélienne. Elle s'est dressée notamment contre les soldats, en giflant deux gardes. Honorée depuis par Mahmoud Abbas et le président turc, Recep Tayyip Erdogan, elle a été arrêtée dans la nuit du 18 au 19 décembre avec sa famille pour trahison et est actuellement en prison dans les geôles israéliennes. (Betunia, Israël, 25 décembre 2017.)
Photo AFP
Nom : Bana Al-Abed
Âge : 8 ans
Pays : Syrie
La petite Syrienne s'est rendue célèbre en tweetant depuis la ville d'Alep assiégée. Un compte créé par sa mère pour témoigner du quotidien d'une enfant dans un lieu dévasté par la guerre. Évacuée depuis, elle est désormais citoyenne turque. (Ankara, Turquie, 22 décembre 2016.)
Photo AFP
Nom : Marley Dias
Âge : 12 ans
Pays : États-Unis
Plus jeune personnalité citée au classement Forbes 2018 des «moins de 30 ans», Marley Dias a lancé en 2015 la campagne #1000BlackGirlsBooks, une plateforme en ligne qui recense aujourd'hui 700 livres dont les héroïnes sont des femmes noires. Depuis, elle a rencontré Hillary Clinton, Michelle Obama et Kim Kardashian. (New York, 13 juin 2017.)
Photo AFP
Nom : Zuriel Oduwole
Âge : 15 ans
Pays : États-Unis
Elle est née à Los Angeles, d'un père nigérian et d'une mère mauritanienne, Zuriel Oduwole s'est engagée très tôt réalisant notamment un documentaire sur le Ghana. La jeune fille a rencontré 24 présidents ou premiers ministres dans le cadre de sa mission de promotion pour l'éducation des filles en Afrique. À l'AFP, elle confie «la nécessité de prendre des décisions concrètes pour que les filles puissent aller à l'école jusqu'à l'âge de 18 ans». (San José, Californie, 25 février 2015.)
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